Ce vendredi 20 avril, tôt dans la matinée, le blocage du site Tolbiac de l'université Paris-1 Panthéon-Sorbonne a été levé. A 5h00 du matin, 280 CRS ont pénétré dans ce lieu emblématique de la mobilisation contre la réforme de l'accès à la fac à l'issue d'une vaste opération. La police est intervenue pour déloger les étudiants qui bloquaient l'accès à l'université.

"Un vrai capharnaüm !"

La centaine d'étudiants qui occupent cette tour de 22 étages depuis le 26 mars, a accueilli les CRS à coups de projectiles. Jets de pierres, de bouteilles de verres, c'est dans une atmosphère plus que tendue que la police a tenté de pénétrer dans le site.

Malgré cela, l'opération qui a duré presque une heure, s'est soldée par une réussite. Les "squatteurs" ont quitté les lieux "dans le calme et sans aucun incident" a déclaré la préfecture de police. Toutefois, un individu a été interpellé pour rébellion et outrage. Une fois vidé, c'est avec effroi que les forces de l'ordre et Georges Haddad ont constaté d'importantes dégradations sur le site : "Je suis consterné par l'état de l'université, c'est un vrai capharnaüm ! On m'a dit que des choses indignes se sont passées à l'intérieur comme de la violence, du sexe et de la drogue !" s'insurge le président de Paris-1. Le ministère de l'Intérieur a déclaré que l'université serait fermée pour des "raisons de remise en l'était et de sécurité".

Des photos prises sur place démontrent l'ampleur des dégradations : murs tagués, tentes en guise de couchage dans les amphithéâtres, distributeurs forcés. Le montant des dégâts pourrait s'élever à un million d'euros, mais il est encore trop tôt pour chiffrer.

Cette intervention eut été réclamée le 9 avril par Georges Haddad, après avoir découvert des cocktails molotov et plusieurs dégradations à Tolbiac.

Mais selon Emmanuel Macron et la préfecture de police, 'il serait dangereux d'intervenir et de faire respecter l'ordre à Tolbiac à cause de l'appréciation technique de cette tour et de sa particularité topographique." C'est la raison pour laquelle la préfecture de police n'avait pas donné immédiatement suite à sa demande.

Si la préfecture de police s'est félicitée d'une intervention plutôt calme et bien maîtrisée, ce n'est pas le même son de cloche du côté des anciens occupants : "Ils nous ont matraqué, gazés, traités comme des chiens.

Ce n'est pas normal !" dénonce l'un d'entre eux.

Un système de "sélection" déguisée ?

Cela fait maintenant plusieurs semaines que quatre universités françaises et une dizaine de sites sont entièrement bloqués par des opposants. Le but ? Protester contre ParcourSup et la loi ORE, soit Orientation et Réussite des Étudiants. En effet, depuis l'annonce de ce projet de loi, le mouvement étudiant conteste un texte que les députés de la République en marche jugent pourtant équilibré et ambitieux. Cette loi prévoit la disparition du tirage au sort (qui privait des milliers d'étudiants d'obtenir une formation) et l'accueil de tous les bacheliers (plus de refus sur dossier scolaire). Madame Frédérique Vidal, la ministre des l'Enseignement Supérieur, défend cette loi qui "remettrait de l'humain" dans la procédure d'inscription pour les études supérieures.

Pour cela, le système d'admission va être revu de fond en comble. C'est la raison pour laquelle APB remplace ParcourSup.

Les enseignants sont aussi mobilisés contre la réforme de l'enseignement supérieur. En grève, ils réclament l'ouverture de négociations avec le gouvernement et ont réaffirmé, mercredi dernier lors d'une conférence de presse à Tolbiac, leur soutien aux étudiants.