Le mois dernier, le gouvernement avait organisé une première opération d'expulsions à Notre-Dame-des-Landes, en Loire-Atlantique. Une partie du campement des Zadistes, qui souhaitent faire de ce territoire une zone auto-gérée, avait été démantelée. Ce jeudi matin vers 6 heures, une nouvelle vague d'expulsions a été entreprise par les forces de l'ordre sous l'autorité du ministère de l'Intérieur de Gérard Collomb. "Conformément aux engagements du Gouvernement, le processus de retour à l'État de droit se poursuit à Notre-Dame-des-Landes. De nouvelles opérations d'expulsion débutent. Elles visent les occupants illégaux ayant refusé de régulariser leur situation en déposant un projet agricole", a publié le premier policier de France tôt ce matin sur son compte Twitter.

Environ soixante camps sont encore installés sur le site qui devait accueillir le nouvel aéroport nantais, projet finalement abandonné par le gouvernement après l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir. L'objectif des services de Gérard Collomb serait, selon les informations recueillies par Le Figaro, d'en démanteler une dizaine aujourd'hui, dont quatre en priorité. Les premières échauffourées ont déjà éclaté dès 6h30 sur le camp de Bellevue entre ses occupants et les CRS. Des grenades lacrymogènes ont été lancées et un hélicoptère survole le secteur en permanence. Selon un reporter de l'AFP présent sur place, les Zadistes ont également mis en place plusieurs murs de barricades sur les routes voisines pour ralentir la progression des forces de l'ordre.

Les Zadistes organisent la riposte...

C'est le général Lizurey, directeur général de la Gendarmerie nationale, qui est en charge de l'organisation des opérations sur place. "Nous prévenons les personnes en cours de régularisation qu'elles ne sont pas concernées par la manoeuvre", a-t-il cependant annoncé. Mais les Zadistes dans leur ensemble ne sont pas prêts à lâcher prise, et une manifestation aura déjà lieu ce samedi à Nantes afin d'appeler à la reconstruction des camps qui seront détruits par les CRS aujourd'hui.

Quant aux occupants du site de Notre-Dame-des-Landes dont le projet a été validé par l'Etat, ils ont refusé hier de signer les conventions d'occupation en soutien à leurs camarades menacés d'expulsion. "On veut signer au plus vite, mais pas aujourd'hui", ont-ils fait savoir sur les réseaux sociaux. "Hors de question qu'on signe alors que des expulsions sont annoncées", pouvait-on également lire hier soir sur Twitter.

Ils déplorent également de n'avoir pris possession des documents que la veille et de ne pas avoir eu le temps de les soumettre à des juristes.

... et dénoncent un "double jeu de l'Etat"

Pour les défenseurs du site de Notre-Dame-des-Landes, le gouvernement "alterne négociations et interventions policières musclées". Un paradoxe dont les destructions de camps empêchent par ailleurs le développement des projets agricoles déjà approuvés. Dans un communiqué officiel publié hier, les Zadistes craignent également que de nombreuses personnes se retrouvent blessées lors de la vague d'expulsions prévue aujourd'hui, comme 300 d'entre elles l'avaient déjà été le mois dernier. Les occupants du site rappellent enfin que plusieurs de leurs projets à caractère "artisanaux, sociaux ou culturels", n'ont toujours pas été approuvés par l'Etat.

Au total, ce sont 39 demandes de régularisations qui ont été déposées, ces dernières recouvrant la totalité du "site à défendre", mais le gouvernement ne souhaite examiner que les dossiers dont l'objectif est purement agricole.