Industrie, banque-assurance, hôtellerie et restauration… La liste des entreprises qui prévoient d’embaucher ne fait qu’augmenter.
Réalisée par Pôle emploi auprès de 1,6 million d’établissements, l’enquête « Besoins en main-d’œuvre 2018 » ne laissait pas de place au doute : 2018 devait être une année riche en embauches. Pas moins de 2,35 millions de projets de recrutement (+ 18,7 % par rapport à 2017) avaient en effet été annoncés par les employeurs interrogés, dont 1 534 000 projets de recrutement non saisonnier (+ 27,8 %).
Début 2018, les services aux particuliers, la construction, l’industrie… tous les secteurs prévoyaient ainsi une forte demande en recrutements, à tel point que les employeurs anticipaient certaines difficultés pour recruter.
En effet, en 2017 déjà, « entre 200 000 et 330 000 recrutements ont été abandonnés en France faute de candidats », constatait le 20 août dernier Cyril Nouveau, directeur des statistiques, des études et de l’évaluation chez Pôle emploi. L’industrie et le bâtiment sont les secteurs les plus touchés. Selon les chiffres de l’Insee, dès avril, 42 % des sociétés industrielles et 67 % des entreprises du bâtiment faisaient état de difficultés pour recruter.
Problème : la pénurie s’étend aujourd’hui à d’autres secteurs : « On commence aussi à voir des tensions dans les services, comme dans l’hôtellerie-restauration, les transports ou le soutien aux entreprises », explique Bruno Ducoudré, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Redoubler d’imagination
Pour rester compétitif sur le marché de l'emploi et pour éviter que l’histoire ne se répète, les employeurs devront redoubler d’imagination afin d’attirer et fidéliser les talents recherchés, à l’image de ce qui est mis en place chez Wavestone, Accuracy ou encore SFAM.
Wavestone, société de conseil en management propose ainsi un accompagnement au cours de la phase d’entretiens afin de faire progresser le candidat postulant ou de l’informer de la fin du processus.
« La transparence et le partage d'informations se retrouvent chez nous à tous les niveaux. Il est important que le candidat prenne conscience de ces valeurs dès le premier contact », selon Laure Michel, directrice de recrutement chez Wavestone.
La Société Française d’Assurances Multirisques (SFAM), leader européen de l’assurance affinitaire, propose pour sa part une évolution de carrière rapide à ses téléconseillers et des primes attrayantes. En plus d’avoir une cantine gratuite à disposition, les salariés du groupe sont « rémunérés 2.500 à 3.000 euros net, avec deux mois d'intéressement », affirme Sadri Fegaier, le PDG de SFAM.
La société compte recruter 1 000 CDI cette année. Il faut dire que ce spécialiste de l’assurance affinitaire (pour la téléphonie mobile, les appareils multimédias et les objets connectés ndlr.), a particulièrement bénéficié de la reprise économique en France.
En cinq ans, le groupe est passé de 50 à plus de 250 millions d’euros de chiffre d’affaires, et vise le milliard d’euros dès l’année prochaine.
C’est dire si les besoins en recrutement sont importants : « les salariés trouvent chez SFAM un cadre propice à leur développement professionnel et personnel, au travers de formations régulières et de perspectives d’évolution. Par ailleurs, les notions de bien-être au travail, d’égalité et de respect de la diversité sont primordiales dans notre organisation », explique Christine Lemaire, directrice des ressources humaines chez SFAM Group.
Quant à Accuracy, société de conseil dans le secteur financier, elle propose un management souple qui favorise la prise de leadership.
Ainsi, le salarié est plus à même d’exprimer sa personnalité. Tour à tour, chacun peut devenir capitaine et manager une équipe projet. Une possibilité de faire émerger de nouveaux leaders. La société n’est pas dotée de départements, volontairement pour proposer un système collectif et de partage afin que « la motivation ne soit pas prisonnière d’un organigramme », déclare Frédéric Duponchel son fondateur. Et la stratégie semble gagnante : Accuracy connaît un turnover d’à peine 8% contre le double voire le triple dans d’autres cabinets de la profession.
Forte concurrence sur le marché de l'emploi
La concurrence pour les talents sera également rude dans l’industrie. Renault prévoit de recruter 800 CDI dans toute la France en 2018, sur un total de 3 600 entre 2017 et 2019.
Chez Toyota, qui vient d’investir 300 millions d’euros sur son site d’Onnaing, près de Valenciennes (Nord), on table sur 700 embauches cette année. Et la liste continue : 700 recrutements chez Bouchers Services d’ici à 2020, 645 chez Snam d’ici cinq ans, 600 chez FM Logistic et 500 chez Louis Vuitton.
Les perspectives d’emploi semblent aussi avantageuses dans l’ouest du pays. À Rennes le groupe MBN, spécialisé dans le regroupement de crédits, cherche 30 nouveaux collaborateurs. À Nantes, la création possible d’une base régionale permanente de la compagnie low-cost britannique EasyJet pourrait se traduire par le positionnement de « 60 à 100 personnels, pilotes, copilotes, stewards et hôtesses, pour trois avions’ basés en permanence. Contre zéro aujourd’hui ». Des annonces positives alors que le PIB et le rythme de la croissance potentiels pourraient continuer d’augmenter.