Roger Federer est redevenu numéro 1 mondial au classement ATP après 2050 jours d’attente et surtout de persévérance depuis son 17ème titre du Grand Chelem glané de manière épique contre Andy Murray, sur le gazon « So british » de Wimbledon. En remportant son match en trois sets face au local Robin Haase lors des ¼ de finales du tournoi de Rotterdam, le Suisse est remonté au sommet de la hiérarchie du Tennis actuel à… 36 ans !

Il devient ainsi le plus "vieux" joueur de tennis, numéro 1 mondial après un certain… André Agassi. Celui-ci a notamment réagi en déclarant : « 36 ans et 195 jours...

Federer continue de mettre la barre plus haut dans notre sport. Félicitations pour cet accomplissement. ». Il détrônera donc dès lundi, le record de l’américain avec ses 33 ans et 131 jours en 2003. En cette occasion très spéciale pour le Suisse, les organisateurs lui ont décerné le trophée du plus « vieux » joueur numéro 1 mondial (de toute l’histoire du tennis). Le principal intéressé semble lui-même étonné par cet accomplissement (surtout lorsque l’on sait qu’il a été opéré au genou en février 2016) et encourage une certaine émulation pour conquérir le « trône » de l’ATP : « Je ne parviens pas à y croire... Être n°1, c'est l'aboutissement ultime. Maintenant, ce sera aux autres de se battre pour.

».

La recette d’une gloire retrouvée

Mais alors comment le Suisse a-t-il pu assurer une telle longévité sportive au plus haut niveau de son sport ?

Il y a sans doute deux facteurs d’explication : le premier est d’ordre technique : depuis son retour au plus haut niveau, début 2017 lorsqu’il ajouta l’Open d’Australie à son immense palmarès, Federer développe et cultive davantage un tennis offensif qui va plus vers l’avant avec des attaques au filet fréquentes mais bien distillées sous les conseils de son coach Ivan Ljubicic.

Il tente ainsi d’écourter le plus possible les échanges en maximisant sa puissance en coup droit et surtout en faisant « parler la poudre » avec son inimitable et sublime revers à une main. Le second est d’ordre pratique. En effet Federer choisit précautionneusement ses participations aux tournois du circuit ATP. Il organise son planning annuel en fonction de ses envies mais surtout pour économiser et canaliser son énergie et ses capacités physiques afin d’éviter tout risque de blessure voire même de « burn out ».

Il ainsi fait l’impasse plusieurs fois depuis quelques années sur le tournoi de Roland-Garros et plus généralement les tournois qui se disputent sur terre battue car ils requièrent un état de forme optimal. Il privilégie ainsi désormais, les tournois sur dur, en indoor et sur gazon, sa surface favorite. Comme ce sont des surfaces plus rapides, elles réclament moins d’énergie et le jeu tennistique qui s’y pratique use moins les réserves physiques.

Jusqu’où Roger ira-t-il ?

On peut légitimement se poser la question en effet. Car à plus de 36 ans, Federer prend toujours autant de plaisir à jouer au tennis qu’il y a 20 ans lorsqu’il n’était encore qu’un jeune joueur entrant dans le monde des pros du tennis.

En continuant ainsi à performer, on voit mal comment le Suisse ne pourra figurer parmi les favoris au titre lors des deux prochains grands rendez-vous de la saison. Et à plus courte échéance, Roger aura l’occasion de brandir pour la 97ème fois un titre sur le circuit avec un potentiel sacre à Rotterdam demain en finale. Il pourrait affronter, s’il parvient à évincer l’obstacle Seppi en demi-finale ce dimanche celui que l’on surnomme affectueusement « Baby Federer » mais qui a bien grandi depuis en gagnant notamment son plus grand titre en carrière (le Masters de Londres en Novembre 2017) : le Bulgare Grigor Dimitrov. Il éprouve d’ailleurs également autant d’émotions et de passion si ce n’est plus qu’auparavant lorsqu’il joue.

Preuve en est lorsque le Suisse a soulevé pour la 20ème fois un titre du Grand Chelem du côté de Melbourne en janvier dernier : il éclata en sanglots pendant son discours de remerciement.

Car tant qu’il pourra jouer sur un court de tennis tout en éprouvant un plaisir et une passion inassouvie, Roger n’a pas encore fini de nous surprendre et de pulvériser tous les records…