Il s'agit peut-être d'un des tournants de l'histoire du peuple espagnol. Dimanche, le gouvernement régional situé à Barcelone a prévu d'organiser un référendum afin de permettre aux Catalans de se prononcer sur l'indépendance de la Catalogne. Un Référendum que le gouvernement espagnol basé à Madrid fait tout pour annuler. Vendredi après-midi, le gouvernement régional indépendant a dévoilé ses urnes et a annoncé que 60% des électeurs éligibles de la Catalogne se dirigeront aux urnes dimanche au mépris du gouvernement espagnol, de la police et des tribunaux.

« Les Catalans pourront voter », a déclaré Oriol Junqueras, vice-président de la région. « Même si quelqu'un attaque un bureau de vote, les Catalans pourront encore voter », a-t-il ajouté, faisant référence à la violence dont pourrait faire preuve les forces de police dimanche afin de dissuader les Catalans de se prononcer. La violence pourrait également venir du peuple catalan, qui pourrait répliquer. Carles Puigdemont, président du gouvernement régional catalan, est lui plus confiant, comme il l'a confié à Reuters. « Je ne crois pas qu'il y aura quelqu'un qui va utiliser la violence ou qui voudra provoquer des violences qui terniront l'image irréprochable du mouvement d'indépendance catalan ».

Une « zone de guerre », voilà ce que sera la Catalogne dimanche

Le gouvernement catalan semble plus que jamais confiant concernant la tenue de ce référendum. Il a affirmé que plus de 7 200 personnes formeront 2 315 bureaux de vote dans toute la région pour organiser un vote qui pourrait entraîner une crise territoriale jamais vue depuis des décennies en Espagne.

Vendredi après-midi, un grand convoi de tracteurs mené par des agriculteurs catalans fait route vers Barcelone afin d'afficher son soutien du vote et de protester contre les démarches pour l'arrêter. Justement, Madrid n'a pas encore dit son dernier mot. Le gouvernement espagnol et le tribunal constitutionnel du pays ont déclaré le vote illégal.

Au cours des dix derniers jours, les autorités ont intensifié leurs efforts pour mettre un frein au référendum. Ils ont même arrêté 14 hauts fonctionnaires du gouvernement catalan, fermer les sites référendaires et saisi des millions de bulletins de vote. Le ministère espagnol de l'Intérieur a déployé des milliers de policiers supplémentaires dans la région. De plus, l'espace aérien de Barcelone serait fermé aux hélicoptères et aux avions légers jusqu'à lundi. La Catalogne, zone de guerre durant un week-end ? C'est presque ça...

La Catalogne intégrera-t-elle l'UE en cas d'indépendance ?

Mais les Catalans veulent-ils vraiment de cette indépendance ? Alors que la majorité écrasante des Catalans souhaite pouvoir s'exprimer lors d'un référendum, beaucoup assurent vouloir continuer à faire partie de l'Espagne.

Une chose est sûre : Espagnols et Catalans ne pourront pas compter sur l'aide de l'Union européenne sur ce sujet, puisque cette dernière a soigneusement évité de se prononcer sur cette question. « C'est un problème espagnol dans lequel nous ne pouvons quasiment rien faire » a déclaré vendredi Antonio Tajani, président du Parlement européen. L'UE ne veut se mettre à dos aucun des deux camps : l'Espagne, qui fait partie de l'Union européenne, mais aussi la Catalogne, dont on ne sait pas encore si elle pourrait la rejoindre en cas d'indépendance. La réponse pourrait en tout cas intervenir assez vite, puisque le gouvernement catalan a promis de déclarer son indépendance dans les 48 heures si le camp du oui venait à remporter le référendum. Ce dimanche, la Catalogne sera donc à observer de très près.