La Ministre Pénicaud a entrepris une vaste refonte de l’apprentissage, de la formation et de l’assurance-chômage. Concernant le volet apprentissage, les sénateurs français ont engagé un bras de fer avec le gouvernement pour que les régions conservent une fonction et une place importantes dans la formation des apprentis mais surtout dans la création des centres de formation d’apprentis CFA. Les régions ont obtenu de la part du Ministre un certain nombre de résultats majeurs., à savoir la rédaction d’un schéma prévisionnel de développement de l’alternance.

En revanche, pour la Ministre Muriel Pénicaud, le gouvernement a insisté sur la fin des autorisations administratives pour l’ouverture d’un CFA, possibilité autrefois laissée à la discrétion des régions. Parmi les autres mesures de la réforme, un apprenti pourra être ausculté par un médecin généraliste lorsque le médecin du travail n’est pas disponible pour la visite de pré-embauche. Il est aussi noté dans la réforme Pénicaud que l’apprenti ne sera pas seul en cas de rupture de son contrat par l’employeur. L’apprenti pourra avoir recours à un médiateur pour discuter de son situation.

L’intérêt de l'apprentissage pour le gouvernement Macron

Le 3 août 2018 sur France Info, Muriel Pénicaud a déclaré que « les demandes d’apprentissage en sortie de troisième ont augmenté de 45 %, c’est la première fois que ça arrive ».

Cette jubilation toute ministérielle et politique de Madame Pénicaud montre que le gouvernement fonde une espérance forte sur la relation entre apprentissage, insertion dans le monde de l’emploi et baisse du chômage de masse. Pour la Ministre du travail, l’assouplissement des règles de l’apprentissage, l’octroi de nouveaux droits aux apprentis, doivent permettre à ceux-ci ainsi qu’à leur famille de réaliser que l’apprentissage peut être une voie royale qui peut conduire du CAP (Certificat d’aptitude professionnelle) à l’ingénieurat ( ingénieurs).

Le rapport à l’apprentissage est une relation difficile dans la société française, plus ouverte aux humanités qu’aux sciences et aux métiers techniques. La valorisation de l’apprentissage dans la société française est un fait nouveau mais qui nécessite un changement de mentalités de la part des pouvoirs publics, des familles et des entreprises.

Pour que la relation apprentissage et insertion dans l’emploi soit effective, il faut que le gouvernement incite les entreprises à prendre leur part en matière de formation, ce qui n’a pas été souvent le cas dans le passé.

Les entreprises doivent être au coeur du dispositif de la formation des apprentis

Trop souvent la formation en France a été laissée à la disposition de l’éducation nationale. On a remarqué dans certains cas une distance critique entre les modalités de formation et les attentes réelles des entreprises. Il faut revoir cette façon de faire et impliquer de plus en plus d’entreprises dans la formation des apprentis. La plupart des entreprises refusent le choix de la formation en prétextant ne pas avoir le temps à cause des contraintes liées à la concurrence pour la vente de leurs produits.

C’est un faux argument et le contexte politique actuel doit obliger les entreprises à prendre leur part dans la formation des apprentis, même si l’État doit contribuer à des allègements fiscaux. On valorise souvent l’apprentissage en Allemagne, la France a une structure comparable. Il lui reste à changer de logiciel mental pour concevoir au sein de grandes entreprises mais aussi de moyennes et de petites des services consacrés à la formation des apprentis. Il faut être pragmatique et dépasser les déclamations et les déclarations de principe sur l’apprentissage. L’État, les régions mais surtout les entreprises doivent sortir du discours larmoyant politique du ya qua, on peut, et adopter celui plus concret du faire. C’est à ce prix que l’apprentissage pourra contribuer à l’insertion de jeunes dans les bassins d’emploi et favoriser ainsi la lutte contre le chômage.