Emmanuel Macron est à lui seul un logiciel capable d’écouter, de comprendre et de répondre aux demandes sociales diverses et variées de la population: Le chef de l’Etat déambule au milieu d’une sorte de ring, un petit carré libre bordé par plusieurs centaines de chaises. Quelques centaines de maires normands constituent le public, encouragés à interroger le visiteur «de la manière la plus directe», écrit Libération. Depuis le 17 novembre le président Macron a volontairement ignoré les gilets jaunes dans ses discours. Or, depuis trois jours, il reconnaît que les gilets jaunes ont posé des questions dont il est en partie redevable en tant que Président de la République comme le sont aussi depuis 30 ans les Présidents qui l’ont précédé : " ...
le locataire de l'Élysée admet avoir sous-estimé le mouvement des «gilets jaunes», en y voyant une mobilisation «plus faible que la plus petite mobilisation contre la réforme de la SNCF». «C'est un gigantesque échec collectif, j'en prends ma part. Mais j'ai encore trois ans pour changer cela», confie-t-il." écrit Le Figaro. Le président Macron a initié le Grand Débat National, il a mouillé sa chemise par sa capacité à expliquer et à échanger avec les Français sur leurs préoccupations actuelles (pouvoir d’achat, fiscalité, transition écologique et démocratie renouvelée). Macron reste l'homme de la situation en cas d'élection précipitée comme le montrent les récents sondages. Il critique à juste titre les corps intermédiaires (syndicats de salariés et patronat) incapables de faire vivre le paritarisme en matière de bonus/malus autour du contrat de travail.
Le président Macron fait enfin de la politique
Après avoir fondé sa gouvernance politique sur une approche technique de résolution des problèmes sociaux sur le mode américain, le président Macron est revenu à la faveur de la crise des gilets jaunes et du Grand Débat sur une forme plus politique de la gestion de la France. C’est bien ainsi, il faut féliciter le président de la République car la France n’est pas une start-up, c’est une vieille nation pétris d’idéologie, de culture politique et de débat.
Bravo Président pour cette capacité d’empathie dans les débats, pour cette présence disponible à l’écoute des Français. L’ensemble de ces éléments donne un cocktail positif à l’image du Président qui, mécaniquement, est monté dans les sondages d’opinion. Le Président, de façon très subtile, est en train d’imposer une démarche dont le point d’aboutissement sera l’élection européenne, élection au cours de laquelle les partis populistes sont à l’offensive et les sondages pensent à une forte poussée des formations antisystèmes, aussi bien en France que dans le reste de l’Union européenne.
Rien de tragique car la réalité électorale est manifestement plus complexe et que le Président de la République a changé de stratégie; il voulait jouer la partition front contre front, à savoir les progressistes, ceux qui sont pour une Europe ouverte, contre les nationalistes, ceux qui sont pour une souveraineté dure, le président a parfaitement compris le piège, peut-être grâce aux gilets jaunes, et a depuis modifié ce clivage en essayant de mettre en avant le concept d’Europe puissance qui protège les Européens face à la mondialisation et à la dérégulation trop poussée du commerce international.
Macron est pour une Europe protectrice des peuples européens
Les gilets jaunes ont rendu service au Président Macron en lui permettant de sortir du langage bureaucratique et incompréhensible de Bruxelles en ouvrant une voie sur l’action.
Il s’agit, pour le Président, de montrer que l’Europe est là pour protéger les Français. Il met l'accent sur le rôle de la jeunesse. Il parle de la souveraineté alimentaire au Salon de l’agriculture et il insiste sur le pouvoir d’achat. Les réponses au Grand Débat sont attendues avec intérêt et il revient au président Macron de faire de la politique sociale et réelle en faveur des Français. Enfin la France, grâce aux gilets jaunes, a redécouvert le goût du débat même si certains casseurs, qui se sont introduits au sein de ce mouvement, ont fini par le discréditer. Il reste au président Macron, par les réponses qu'il va apporter, de définir pour les trois ans qui lui restent, les principes fondamentaux d'une République démocratique, en marche, articulée autour de la consultation populaire.
Il ne s'agit pas de recourir à des référendums systématiques, mais de trouver une chemin de crête entre gouvernance politique et appel à la démocratie directe sur des sujets identifiés au départ. Le débat sur l'Europe ne permettra pas ce type de gouvernance mais les questions de fiscalité, de transition et de démocratie citoyenne en France oui.