Le président Macron obtient 35% d'opinions favorables, le premier ministre 32%. Au fond de la piscine, le Président remonte tranquillement car les Français souhaitent un retour à l'ordre même s'ils comprennent les revendications des Gilets jaunes. Le Président et le premier ministre gagnent des voix en parlant aux électeurs de droite. Néanmoins, la question de la sortie de crise reste posée ainsi que la méthode qui sera utilisée.

Ici ou là le référendum apparaît comme une solution à la crise politique et sociale que traverse la France et dont les Gilets jaunes ont été les hérauts, comme l’indique le Journal du dimanche : « Selon nos informations, Emmanuel Macron s'est presque converti au scénario d'une consultation couplée avec les élections européennes, le 26 mai. Le ministère de l'Intérieur vient d'effectuer une précommande de papier pour être prêt le jour J. » Sans attendre la fin du grand débat national, le président Macron adopte une attitude stratégico-politique qui consiste à lancer l’idée de référendum dans l’espace politique français.

Enfin, devrait-on dire, le président Macron fait de la politique et s’aperçoit qu’il est temps de détailler son nouveau programme et dépasser les méthodes managériales qui ont structuré sa présidence.

Le président Macron, après avoir contesté le RIC (référendum d’initiative citoyenne) porté par les Gilets jaunes, finit par se rallier à un aspect de leurs propositions : favoriser la mobilisation et les réponses de la Nation face aux questions fiscales, sociales, économiques et politiques que la plupart des citoyens français se posent à travers les mobilisations devenues hebdomadaires des Gilets jaunes. Le référendum est-il une réponse aux états d’âme et aux sentiments d’injustice de la plupart des Gilets jaunes et des autres sans voix ?

Pour Macron, les questions fiscales et sociales françaises dépendent aussi de l’Europe

Pour le Président Macron, les questions sociales et fiscales françaises sont liées mais il ne peut le dire pour des raisons tactiques et politiques. Le Président compte changer de slogan pour la campagne européenne en privilégiant la problématique de l’Europe qui protège les Nations aux dépens de celle des progressistes contre les nationalistes.

Le président Macron est perçu comme le président des riches après ses décisions sur la suppression de l’ISF et la taxation des retraités via la CSG (même si le gouvernement, après le mouvement des Gilets jaunes, a revu sa politique fiscale en annulant la hausse de la CSG pour les retraités percevant moins de 2000 €/mois et en augmentant de plus de 50€/mois les revenus pour un couple de retraités modestes).

Le mouvement LaREM distribue en ce moment sur les territoires des tracts qui expliquent les différentes mesures prises par le gouvernement.

Pour Macron, il faut expliquer de façon plus concrète ce qui a manqué pédagogiquement au gouvernement depuis les 2 ans de gouvernance, à savoir que le travail paie mieux, la formation est facilitée, les plus fragiles sont mieux protégés, la transition écologique est en marche et que bientôt les géants du numérique (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) vont payer leurs impôts en France.

Le référendum : une façon de revenir à la politique sur le terrain pour le président Macron

Pour Macron il faut expliquer, avant le 26 mai 2019 si le référendum est retenu, comment apporter des réponses fiscalement et socialement justes en France tout en permettant aux populations françaises de voter pour l’Europe.

Le président Macron prend un risque en préemptant les résultats du grand débat national et en proposant le référendum comme solution politique de sortie de crise. Certains politiques, comme Marine Le Pen, estiment que c’est un piège: « La présidente du Rassemblement national Marine Le Pen a vu dimanche une "manœuvre" d'Emmanuel Macron pour "détourner l'attention" des élections européennes dans l'hypothèse d'un référendum organisé le même jour, tout en accusant le chef de l'État de "complotisme" face aux "gilets jaunes". » écrit le Nouvel Observateur.

Le référendum n’est pas un miracle et encore moins une solution à une crise démocratique. C’est un instant de respiration. Encore faut-il identifier avec maîtrise les questions sociales, politiques, économiques et européennes qu’il ne faut pas mélanger.

Pour le président Macron cela peut être une ruse, mais une ruse avec une prise de risque importante. Même si gouverner, c’est prévoir, encore faut-il que la prévision repose en amont sur une stratégie claire des réponses à apporter aux Français.