Le 24 Mai dernier, le journal Le Canard Enchaîné publiait un article soupçonnant Richard Ferrand, nouveau ministre de la Cohésion des Territoires, de favoritisme dans le cadre d'un appel d'offres. Ce mardi 30 Mai, Le Monde discute encore une fois la possible brèche, en dénonçant d'autres pratiques douteuses qui, bien que légales, jettent un nouveau discrédit sur Richard Ferrand. De son côté, ce dernier refuse pour le moment de démissionner du gouvernement présidé par Emmanuel Macron.

R. Ferrand monte au créneau et détruit les accusations

Petit retour en arrière.

En 2011, le ministre était le directeur général des Mutuelles de Bretagne et souhaitait louer des locaux afin d'y créer un centre de soins mutualiste près de Brest. Parmi les trois propositions qui lui ont été faites, le conseil d'administration a choisi celle de la société immobilière Saca, qui proposait un loyer de 42.000 Euros par an. L'entreprise Saca, qui n'était pas encore officiellement créée au moment où elle a proposé ses services aux Mutuelles de Bretagne, appartient à Sandrine Doucen, la compagne de Richard Ferrand. La Saca a même acquis la propriété des locaux bien plus tard, alors qu'elle savait qu'elle allait les louer aux Mutuelles de Bretagne.

L'opération, bien qu'éthiquement discutable, est cependant parfaitement légale.

Pour se défendre, Richard Ferrand a choisi les colonnes du Parisien, à qui il déclare qu'il n'est ni marié ni pacsé avec Sandrine Doucen, laissant entendre qu'en cas de séparation, chacun récupérerait ses propres biens. Il assure également que tous les membres du conseil d'administration des Mutuelles de Bretagne savaient que la Saca appartenait à sa compagne.

Sa compagne, son ex-femme et son fils favorisés ?

Dans leur enquête, les journalistes du Monde ont également découvert que Sandrine Doucen a été employée des Mutuelles de Bretagne en tant qu'assistante personnelle de son compagnon dans les années 2000. Quant à l'ex-femme de Richard Ferrand, Françoise Coustal, artiste plasticienne, elle a remporté plusieurs marchés pour l'aménagement et la décoration de locaux appartenant aux Mutuelles de Bretagne.

Des travaux permis grâce à une subvention spéciale du Conseil Général du Finistère, dont le vice-président était, à l'époque... Richard Ferrand.

En 2012, ce dernier est devenu député, et a quitté son poste de directeur général. A l'Assemblée Nationale, il a engagé son fils Emile comme collaborateur pendant une période de 4 mois et pour un salaire total de 6.800 Euros : "Ce qu'il a eu à faire était la rédaction de la lettre du député, tenir différentes choses sur mon blog", déclare M. Ferrand au Parisien, jurant ainsi qu'il ne s'agissait pas d'un emploi fictif, ce qui n'autorise aucune comparaison avec l'affaire Penelope Fillon.

Par la suite, le nouveau ministre a employé un autre assistant parlementaire, Hervé Clabon, compagnon de Joëlle Salün, la nouvelle directrice générale des Mutuelles de Bretagne, pour qui Richard Ferrand a également continué à travailler quelques temps comme chargé de mission, payé 1.250 Euros par mois.

Rien d'illégal ici encore, mais Le Monde s'interroge : "Echange de bons procédés ?".

Une loi sur les mutuelles proposée au Parlement

Enfin en 2012, Richard Ferrand a déposé une proposition de loi sur les mutuelles, permettant aux réseaux mutualistes - comme les Mutuelles de Bretagne - d'avoir certains mêmes avantages que les mutuelles privées. La loi, finalement censurée par le Conseil Constitutionnel, aurait pu représenter un conflit d'intérêts de la part du ministre de la Cohésion des Territoires.