Demain soir dimanche, Emmanuel Macron sera en direct du Journal de 20 heures de TF1 pour s'adresser aux français sur les mesures à venir, dont certaines sont fortement décriées par la gauche et l'extrême droite. Mais juste avant, il s'est adressé au peuple allemand dans une longue interview de huit pages accordée au quotidien Der Spiegel. Il y évoque plusieurs thèmes qui lui sont chers, comme la politique européenne et ses rapports avec la Chancelière allemande Angela Merkel.

Le titre de l'interview est d'ailleurs sans appel : "Je ne suis pas arrogant, je dis et je fais ce que je veux". Si certains y verront de nouveaux propos choquants de la part du président de la République, d'autres salueront sa volonté de réformer en profondeur les politiques française et européenne. Car en Allemagne, certains ne voient pas d'un bon oeil les hautes ambitions du chef de l'Etat français, et craignent qu'il ne vole la vedette à Angela Merkel, considérée comme la 'patronne' de l'Europe depuis plusieurs années.

Au cours de l'interview accordée à Der Spiegel, Emmanuel Macron affirme vouloir briser le qualificatif d'arrogant qui lui colle à la peau depuis son élection.

Sa sortie sur les français "fainéants" a laissé des traces, mais le président français espère bien corriger son erreur : "Je ne suis pas arrogant envers les français, je suis déterminé". Repoussant l'idée d'une France sous le régime de la "monarchie présidentielle", il ajoute que la fonction de président porte néanmoins un symbole fort.

Emmanuel Macron défend ses mesures impopulaires

Au pouvoir depuis cinq mois, Emmanuel Macron se présente en homme déterminé à réformer la France en profondeur. Il critique les décisions de son prédécesseur François Hollande, dont il avait pourtant été le ministre et le conseiller. Il lui reproche d'avoir davantage taxé les revenus des plus riches, qui ont alors pris la décision de quitter la France, selon le nouveau président de la République.

Ce dernier défend également les premières mesures impopulaires qu'il a prises dès son arrivée à l'Elysée, comme la réforme du Code du Travail, ou celle de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), qui ne concernera désormais plus que les biens immobiliers.

Mais un peu plus loin dans l'interview donnée au quotidien allemand, Emmanuel Macron lance une nouvelle petite phrase qui fait aujourd'hui polémique. Selon lui, la France souffre d'un "triste réflexe de jalousie". Ceux qui réussissent sont enviés par les classes populaires, ce qui "paralyse le pays". Le taux de chômage ne baisse pas, et ce ne sont pas les manifestations des syndicats contre la loi Travail qui créeront des emplois, ajoute le président.

Une transformation de l'Europe ?

Emmanuel Macron souhaite également réformer la politique européenne, mais il se heurte à l'Allemagne, où les résultats aux dernières élections législatives ont forcé Angela Merkel à chercher des alliés, pas toujours d'accord avec elle sur l'Europe, afin de former un gouvernement de coalition. La communauté européenne reste donc pour l'instant dans l'expectative.

Le chef de l'Etat français devra ensuite tenter de gommer ses divergences avec la Chancelière allemande, en particulier au sujet du fonctionnement de la zone euro. Mais Emmanuel Macron reste optimiste, et espère que le parti d'Angela Merkel s'alliera avec les libéraux et les Verts, qui partagent en grande partie la même vision de l'Europe que lui.

Dans les colonnes du Spiegel, le président de la République se montre optimiste pour le futur, malgré ses craintes que la Chancelère s'allie avec les sociaux-démocrates du SPD. Les projets d'Emmanuel Macron pourraient alors trouver plusieurs obstacles allemands sur leur route.