Jeudi dernier, le président de la République Emmanuel Macron répondait aux questions de Jean-Pierre Pernaut sur TF1 dans une école du département de l'Orne. Hier dimanche, il s'est à nouveau prêté à l'exercice dans les locaux du Théâtre National de Chaillot, à Paris. Face à lui, deux journalistes réputés pour leur détermination : Edwy Plenel de Mediapart, et Jean-Jacques Bourdin de RMC et BFM TV.
Comme on l'attendait, c'est un échange tendu et musclé qui a eu lieu entre le chef de l'Etat et ses deux interlocuteurs, qui ont démarré l'interview en abordant les derniers événements en Syrie.
Emmanuel Macron a ordonné des frappes vendredi en promettant de tout faire pour stabiliser la situation dans la région suite à l'attaque chimique organisée dernièrement par le régime de Bachar Al-Assad. Il n'hésite pas à rejeter la responsabilité sur la Russie de Vladimir Poutine, qu'il accuse de complicité. Il qualifie ainsi les répliques françaises et américaines de "légitimes" dans le cadre d'une décision prise par la communauté internationale. Le président de la République a néanmoins confirmé sa prochaine visite à Moscou, prévue pour le mois de Mai : "Nous parlons avec tout le monde parce que c'est la condition pour construire la paix", justifie-t-il.
Des mécontentements qui se généralisent en France
Sur le plan national, les questions se sont d'abord portées sur la vague de mécontentements que connaît actuellement la France, allant de la SNCF aux étudiants en passant par les hôpitaux et le démantèlement de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Mais Emmanuel Macron fait la différence entre des colères qu'il qualifie là encore de "légitimes", comme celle qui secoue le statut des cheminots, et les manifestations illégales telles que l'occupation du site prévu pour accueillir le nouvel aéroport nantais, projet pourtant abandonné par son gouvernement : "Je n'aime pas la malhonnêteté intellectuelle.
(...) Plus d'une soixantaine de gendarmes ont été blessés par des gens qui n'avaient aucune raison d'être là, c'est inacceptable", ajoute Emmanuel Macron, qui promet d'aller jusqu'au bout des décisions prises malgré les grèves, les blocages et un mécontentement qui tend à se généraliser chez différentes couches de la population.
Quant aux étudiants, Emmanuel Macron n'hésite pas à faire le parallèle avec les Zadistes de Notre-Dame-des-Landes en les surnommant "des professionnels du désordre". Il ajoute que ceux qui protestent contre sa mesure de sélection à l'entrée de l'Université sont "minoritaires" et qu'il n'a, là encore, aucune raison de ne pas mener la réforme jusqu'à son terme.
A l'hôpital et dans l'ensemble des établissements de santé, le chef de l'Etat promet des décisions et répète ce qu'il a déjà déclaré en milieu de semaine : des annonces seront faites "fin Mai ou début Juin". Il reconnaît de nombreuses "défaillances" et indique qu'aucune économie ne sera faite sur le thème de la santé pendant son quinquennat.
La réforme annoncée prévoit notamment une réorganisation des établissements de santé avec un allègement des démarches administratives et une nouvelle tarification des soins, sans davantage de précisions sur le soutien au personnel soignant. Le président évoque cependant l'idée d'une deuxième journée de solidarité pour les personnes âgées, qu'il trouve "intéressante" pour aider les maisons de retraite et les EHPAD.
Enfin, Emmanuel Macron a aussi abordé le thème de la fiscalité, en promettant de ne créer "aucun nouvel impôt" et de "refonder la fiscalité locale" en commençant par la disparition progressive de la taxe d'habitation pour de nombreux ménages. Il assume également sa réforme de l'ISF, dont de nombreux français aux revenus importants sont désormais exonérés, arguant que cette mesure permet de "conserver les talents et de financer notre économie avec des capitaux français".