Après une semaine de débats au sein de l'hémicycle, les députés français ont finalement adopté la loi asile et immigration du gouvernement dès sa première lecture. 228 élus ont voté en sa faveur, 24 se sont abstenus et 139 se sont prononcés contre. Parmi les détracteurs du texte, on compte l'ensemble de la gauche (socialistes, communistes et France Insoumise), mais également Les Républicains et le Front National. Le projet de loi va maintenant prendre la direction du Sénat, où la majorité de droite va l'amender, avant un retour à l'Assemblée nationale pour le vote définitif.

Les mesures ajoutées par les sénateurs risquent alors d'être supprimées.

Parmi les députés de La République en Marche, un seul a voté contre. Il s'agit de l'ancien socialiste Jean-Michel Clément, qui a immédiatement annoncé qu'il quittait le groupe LREM, conscient d'avoir "enfreint les règles" de la majorité présidentielle. Il est donc à ce jour classé dans les 'non-inscrits', dans l'attente de savoir s'il souhaite rejoindre un nouveau groupe en tant qu'apparenté socialiste.

Au sein de la majorité, quatorze autres députés de La République en Marche ont décidé de s'abstenir, ce qui les protège d'une exclusion du groupe, tout comme quelques membres du Modem. Une élue du parti de François Bayrou, Nadia Essayan, a voté contre, sans s'exposer à aucune sanction pour le moment.

L'opposition a lutté jusqu'au bout contre le texte de loi

Présentée par le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, la future loi asile et immigration comporte plus de quarante articles, qui prévoient notamment d'accélérer le processus de demande d'asile pour les réfugiés. Le but avoué est de faciliter l'expulsion des clandestins en la rendant plus rapide, tout en garantissant le droit d'asile pour les migrants exposés à un danger dans leur pays.

Un droit qualifié de "sacré" par le ministre, qui a toutefois répété tout au long des débats l'existence d'une "Immigration massive" dans notre pays, contre laquelle il fallait "réagir". Selon les mots de la députée LREM Elise Fajgeles, en charge de rapporter la loi devant ses collègues, le texte est à la fois "humain" et "pragmatique".

Dans l'opposition, ce sont Les Républicains qui ont particulièrement haussé le ton, entraînant mercredi dernier la colère de la ministre Jacqueline Gourault, qui s'est offerte une passe d'armes musclée avec le président du groupe LR, Christian Jacob. Ce dernier a critiqué un texte dont les mesures sont, aux yeux de son parti, pas assez drastiques. Certains Républicains ont même qualifié la politique gouvernementale "d'immigrationniste" avec des "pudeurs de violette", demandant des explications sur la régularisation prévue de 40.000 sans-papiers annoncée quelques jours plus tôt par un député macroniste. Ils fustigent également l'assouplissement du "délit de solidarité" pour les citoyens français apportant leur aide à des migrants, ainsi que la proposition qui permettra aux demandeurs d'asile d'accéder au marché du travail français six mois après leur arrivée sur le territoire, au lieu de neuf mois actuellement.

Les 323 amendements proposés par la droite ont d'ailleurs tous été rejetés par la majorité.

Le Front National a exprimé les mêmes réserves, sans oublier de souligner que Les Républicains reprenaient désormais leurs arguments historiques. "LR et FN tristes alliés d'une droite dure et extrême. Mêmes mots, mêmes arguments, même opposition à tous droits des migrants", a déclaré le député LREM Matthieu Orphelin qui, de son côté, a préféré s'abstenir sur le texte gouvernemental.

A gauche, on parle de "régressions" et on critique notamment la durée maximale du placement en centre de rétention, qui sera désormais de 90 jours, contre 45 à l'heure actuelle. La députée communiste Elsa Faucillon évoque le maintien "d'enfants derrière des barbelés".