Emmanuel Macron l'avait promis lors de son arrivée au pouvoir : il souhaite engager une profonde réforme de la société en France. Après s'être attelé au Code du Travail en faisant voter des ordonnances, après avoir refondé notre système de formation et d'apprentissage, mais aussi l'assurance-chômage, l'heure est venue de travailler sur la réforme des retraites. Pour cela, le chef de l'Etat et son Premier ministre Edouard Philippe ont nommé un Haut-Commissaire en charge de la question, Jean-Paul Delevoye, ancien membre des Républicains désormais dans les rangs de La République en Marche.
C'est vers un système de retraite par points que le président de la République souhaite se diriger. Lors de sa campagne électorale en 2017, Emmanuel Macron avait déclaré que le moindre "euro cotisé [devait donner] les mêmes droits, quel que soit le moment où il a été versé et le statut de celui qui a cotisé". Mais le futur locataire de l'Elysée avait promis de ne pas abaisser les montants des pensions et de ne pas modifier l'âge légal de départ à la retraite, fixé à 62 ans sous le quinquennat de François Hollande.
En revanche, les 42 régimes spéciaux existants sont amenés à disparaître, avec l'objectif de mettre l'ensemble des Français sur le même pied d'égalité.
Un compte individuel de droits à la retraite devrait être mis en place pour chacun de nos compatriotes avec des règles identiques, sur le modèle d'une retraite complémentaire que beaucoup souscrivent en parallèle de leur activité professionnelle. Le système dit "par répartition", basé sur la solidarité entre les générations - les actifs payent les pensions des retraités - semble donc arriver à son terme.
Une réforme des retraites en quatre étapes
Le Haut-Commissaire chargé de la Réforme des Retraites doit rendre sa copie au Premier ministre avant la fin de l'année. Si la gauche risque de lever les boucliers pour protester contre la disparition de la retraite par répartition au profit d'un système par points beaucoup plus libéral, Jean-Paul Delevoye, interrogé par Le Parisien, tient à ce que son texte soit juste.
Même s'il admet le risque de voir les Français descendre à nouveau dans la rue pour défendre leurs retraites actuelles, il craint que sa réforme ne soit "pas simple et pas équilibrée financièrement".
Quatre phases sont pourtant prévues avant son application pleine et entière programmée en 2025. Cette année 2018 sera d'abord consacrée aux discussions avec les partenaires sociaux (syndicats de salariés et de chefs d'entreprise), mais aussi avec les Français à travers une plate-forme Internet sur laquelle ils pourront exprimer leurs souhaits et leurs idées jusqu'au 25 Octobre. Des ateliers seront également organisés en régions. "Tout l’intérêt de ces consultations est de faire tomber les inquiétudes et d’écouter", précise le Haut-Commissaire.
Quelques semaines plus tard, Jean-Paul Delevoye présentera ses conclusions en énonçant les principes du texte qu'il propose avant une nouvelle négociation avec les organisations syndicales. Parallèlement, le ministère des Affaires Sociales mettre en ligne un simulateur pour que chacun puisse calculer le montant de sa future pension de retraite. Le projet de loi définitif doit ensuite être présenté en Conseil des ministres et à l'Assemblée nationale à l'été 2019. Une fois la loi votée, elle ne sera réellement mise en oeuvre qu'en 2025, comme Emmanuel Macron l'avait promis pendant sa campagne électorale. Il faudra en effet parfois une dizaine d'années à certains organismes de retraite pour réaliser la transition d'un système à l'autre.