Alors que le gouvernement, le président de la République et les parlementaires s'apprêtent à prendre leurs vacances d'été, l'affaire Alexandre Benalla continue d'occuper la Une de l'actualité. Cet ancien employé de l'Elysée, membre de l'équipe d'Emmanuel Macron depuis sa victorieuse campagne de 2017, est accusé d'avoir outrepassé ses fonctions, notamment en marge du 1er Mai dernier. Des images diffusées par Le Monde il y a deux semaines le montrent en effet en train de se livrer à des violences sur un manifestant. Une autre vidéo similaire a même été publiée cette semaine.

Cinq personnes, dont Alexandre Benalla, ont déjà été mises en examen dans cette affaire. On y compte trois agents de police, soupçonnés d'avoir transmis des images de vidéosurveillance à l'ex chargé de mission de la présidence, afin qu'il puisse préparer sa défense. On ignore par ailleurs le rôle exact de ce dernier auprès d'Emmanuel Macron ; c'est ce que l'enquête va devoir définir.

Des auditions contradictoires

Les trois policiers incriminés ont été auditionnés cette semaine. Selon le quotidien Le Monde, qui s'est procuré les procès-verbaux de leurs interrogatoires, c'est en raison de la proximité entre Alexandre Benalla et le chef de l'Etat qu'ils n'ont pas refusé de transmettre les images de vidéosurveillance enregistrées sur la place de la Contrescarpe à Paris.

L'un des agents aurait même ajouté que M. Benalla avait un pouvoir très important au sein du GSPR, le Groupe de Sécurité de la Présidence de la République. Pourtant, la semaine dernière, le patron du GSPR, le Colonel Lionel Lavergne, déclarait devant la commission d'enquête parlementaire de l'Assemblée nationale qu'Alexandre Benalla n'avait "aucune autorité sur les services de sécurité" du chef de l'Etat.

Des contradictions qui vont devoir être analysées par les enquêteurs, à qui les trois agents ont indiqué que le collaborateur du président était leur interlocuteur principal pour tous les sujets traitant de la sécurité présidentielle.

Parmi les avantages mis à la disposition d'Alexandre Benalla lorsqu'il travaillait encore à l'Elysée, les trois policiers mis en examen citent sa place centrale lors des déplacements d'Emmanuel Macron hors de Paris.

Par exemple, iI n'hésitait pas à indiquer "les souhaits et les volontés" du président de la République et restait le destinataire principal des "notes confidentielles" rédigées par les Préfectures ou les forces de l'ordre sur le terrain.

Plusieurs témoins ont également évoqué un lien téléphonique direct et permanent entre M. Macron et M. Benalla lorsque ce dernier était sur le terrain. C'est donc avec son proche collaborateur que le chef de l'Etat préférait s'entretenir, et non pas avec le patron de la Direction de l'Ordre Public et de la Circulation (DOPC), comme il est généralement d'usage.

D'autres soupçons de corruption

Par ailleurs, l'un des trois fonctionnaires inquiétés a affirmé aux enquêteurs qu'il venait de recevoir une promotion au sein de l'organigramme de la police sécuritaire de l'Elysée.

Il n'a donc pas osé refuser de transmettre les documents vidéos demandés à l'entourage d'Alexandre Benalla. "J'avais besoin de reconnaissance dans ce nouveau poste", aurait-il déclaré.

Une nouvelle fois, ces affirmations vont à l'encontre de ce qu'Alexis Kohler, actuel secrétaire général de l'Elysée, avait indiqué la semaine dernière devant la commission d'enquête sénatoriale. D'une même voix avec le Colonel Lavergne, il déclarait lui aussi qu'Alexandre Benalla n'avait "pas de responsabilités" au sein du Groupe de Sécurité de la Présidence de la République.