Voilà déjà dix jours que le président de la République Emmanuel Macron, son équipe gouvernementale et l'ensemble de la majorité parlementaire sont empêtrés dans l'affaire Alexandre Benalla, cet ancien collaborateur du chef de l'Etat qui aurait bénéficié de nombreux passe-droits depuis qu'il fait partie de l'entourage de l'Elysée. A l'Assemblée nationale, la commission d'enquête qui s'est saisie de la polémique fait face au blocage des élus de La République en Marche, vent debout pour défendre leur chef de file.

Au Sénat en revanche, où le parti du président de la République n'est pas majoritaire, les auditions se poursuivent, avec cinq entretiens programmés ce lundi.

Deux préfets de région étaient notamment attendus en début de matinée afin de donner des précisions sur la fonction d'Alexandre Benalla pendant les déplacements d'Emmanuel Macron. A la mi-journée, ils ont laissé la place au chef de cabinet du ministère de l'Intérieur, Jean-Marie Girier, qui fut par ailleurs le directeur de campagne du futur locataire de l'Elysée en 2017. Rappelons que M. Benalla a rejoint les équipes du mouvement En Marche à cette période, et les sénateurs souhaitent donc savoir de quelle façon il a été recruté en tant que responsable de la sécurité du candidat. Pourtant, Gérard Collomb déclarait mardi dernier qu'il ne pensait pas que M. Girier "ait jamais recruté Benalla. S'il devait en être ainsi, il y aurait des questions de confiance".

Audition de Christophe Castaner ce mardi

Après le chef de cabinet, c'est le directeur de cabinet de Gérard Collomb, Stéphane Fratacci, qui passera à son tour sur le grill cet après-midi. Enfin, la dernière audition sera réservée au Colonel Lionel Lavergne, chef du groupe de sécurité de la présidence, le GSPR. Ce dernier a déjà été entendu par les députés la semaine dernière.

Il avait notamment indiqué qu'Alexandre Benalla n'avait "aucune autorité sur les services de sécurité" du chef de l'Etat.

Dès demain matin à 8 heures, la commission d'enquête sénatoriale interrogera Christophe Castaner, délégué général de La République en Marche et secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement. Il n'a pas été interrogé à l'Assemblée, et pour cause, les élus de son parti ont fait blocage au sein de la commission d'enquête.

Un coup d'éclat qui a d'ailleurs provoqué le départ de certains élus de l'opposition qui ne participeront donc plus aux débats.

L'Assemblée nationale réagit par des motions de censure

Même si au sein du Palais Bourbon, la majorité mène la danse dans l'organisation des discussions et des auditions, l'opposition n'a pas dit son dernier mot. En effet, certains groupes parlementaires, allant des Républicains aux Communistes en passant par les Socialistes et la France Insoumise, ont décidé de déposer deux motions de censure. Elles seront débattues et votées demain mardi dans l'après-midi. Il s'agit ni plus ni moins d'un vote de confiance à l'égard de l'Exécutif.

Mais avec 312 députés macronistes sur 577, elles ont très peu de chances d'aboutir à un renversement du gouvernement, comme l'a reconnu lui-même Christian Jacob, président du groupe Les Républicains.

De son côté, la gauche socialiste, communiste et insoumise a décidé de déposer son propre texte. A ce titre, M. Jacob pour Les Républicains et André Chassaigne (PCF) pour la gauche, rencontreront le Premier ministre Edouard Philippe.

Quant à Emmanuel Macron, il refuse de s'exprimer et n'a prévu aucun déplacement cette semaine. A partir de lundi prochain, le gouvernement et les parlementaires prendront leurs vacances avant de retrouver leurs fonctions dans quelques semaines.