Après avoir vécu une rentrée mouvementée avec les incertitudes liées au prélèvement de l'impôt sur le revenu à la source, la démission du ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot, et le retour de l'affaire Benalla à la Une de l'actualité, Emmanuel Macron présentait ce jeudi matin, au Musée de l'Homme, les grandes lignes de son plan de lutte contre la pauvreté. Ces mesures ne figuraient pas dans son programme pendant la campagne présidentielle de 2017, mais le gouvernement y travaille depuis plusieurs mois. Le plan devait d'ailleurs être présenté au début de l'été, mais en pleine Coupe du monde de football, l'Elysée a préféré reporter l'annonce.

L'objectif du président de la République et du gouvernement est triple. Il va d'abord falloir, grâce à ces choix politiques, réduire les écarts de richesse qui existent au sein de la population française. Nos compatriotes vivant en-dessous du seuil de pauvreté, fixé à 1.026 euros par mois, n'ont jamais été aussi nombreux : environ neuf millions selon l'INSEE, soit 14% de la population, dont trois millions d'enfants. Par ailleurs, cinq millions de personnes en France vivent avec moins de 850 euros par mois. Le deuxième objectif, lié au premier, consiste à faire disparaître l'étiquette de "président des riches" qui colle à la peau d'Emmanuel Macron depuis son arrivée au pouvoir, entre mesures économiques ouvertement libérales et coups de rabot infligés au pouvoir d'achat de certaines catégories de la population, notamment les retraités.

Enfin, le troisième objectif de l'Elysée est de faire oublier les dernières polémiques, comme l'affaire Alexandre Benalla, en présentant un plan solide pour venir en aide aux plus démunis.

Tenter d'enrayer la pauvreté dès la petite enfance

Les principales mesures énoncées ce matin par le chef de l'Etat, accompagné de la ministre de la Santé et des Solidarités Agnès Buzyn, mettent prioritairement l'accent sur la petite enfance avec tout d'abord, la création de 30.000 places supplémentaires dans les crèches municipales pour soulager les parents d'ici la fin du quinquennat.

1,2 milliards d'euros seront ainsi investis afin d'aider les communes des quartiers prioritaires et former davantage le personnel d'éducation.

Avec le même objectif, le petit déjeuner sera souvent pris à l'école par 200.000 enfants scolarisés dans les zones d'éducation prioritaire. Par ailleurs, l'ASE (Aide Sociale à l'Enfance) sera étendue jusqu'à l'âge de 21 ans pour ses bénéficiaires sans emploi ni formation, contre 18 ans actuellement.

Travailler sur le levier de l'emploi

Pour les plus pauvres, sortir de la spirale financière passe également par un retour à l'emploi. Pour cela, le gouvernement table sur 500 millions d'euros investis chaque année dans les dispositifs de réinsertion. On pense par exemple aux territoires "Zéro Chômeur" qui recevront un coup de pousse financier ; Emmanuel Macron souhaite en effet voir la naissance de 50 de ces territoires d'ici 2022.

Sur le thème de la formation professionnelle, le chef de l'Etat souhaite la rendre obligatoire jusqu'à l'âge de 18 ans, tout en augmentant le nombre de bénéficiaires de la garantie jeune, cette enveloppe de 500 euros par mois versée en échange d'un suivi. 100.000 jeunes adultes reçoivent actuellement cette allocation ; ils devraient être 500.000 d'ici la fin du quinquennat.

Enfin, aucune augmentation du Revenu de Solidarité Active (RSA) n'est envisagée dans ce plan d'un montant total de 8 milliards d'euros sur quatre ans. En revanche, la CMU (Couverture Maladie Universelle) devrait être étendue à plusieurs millions de Français supplémentaires pour une meilleure prise en charge de leurs soins médicaux.