La démission fracassante du ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, qui n'avait pas hésité à critiquer l'action du gouvernement à la fin du mois d'Août, a-t-elle donné des idées à d'autres membres de la majorité présidentielle ? Il semblerait que ce soit le cas avec le départ surprise, annoncé hier au cours d'un entretien exclusif accordé au Parisien, de la députée Frédérique Dumas du groupe La République en marche (LREM) à l'Assemblée nationale. Mais à la différence de l'ancien ministre, elle a prévenu Emmanuel Macron en personne de sa décision.
L'élue de la treizième circonscription des Hauts-de-Seine a déclaré qu'elle quittait la majorité pour retourner au sein de son ancien parti, l'UDI, qui possède lui aussi son propre groupe au Palais-Bourbon. Pour s'en justifier, elle déplore le bilan du gouvernement d'Edouard Philippe 15 mois après son arrivée à la tête de l'Etat, mais critique surtout les derniers événements qui ont secoué l'Exécutif. Avec tout d'abord l'affaire Alexandre Benalla. Après avoir passionné les médias au début de l'été, la polémique s'était quelque peu éteinte avant de revenir sur le devant de la scène à la rentrée avec de nouvelles déclarations du principal accusé, qui a notamment hésité à se rendre devant la commission d'enquête sénatoriale.
Des nominations qui ne passent pas à la tête de l'Etat
Frédérique Dumas, qui était jusqu'ici vice-présidente de la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale après avoir élaboré le programme du candidat Macron sur ce thème, dénonce également l'élection de Richard Ferrand, son ex président de groupe, à la tête de l'hémicycle il y a une semaine.
Ancien ministre de la Cohésion des territoires, il avait été obligé de quitter le gouvernement un mois après sa nomination, épinglé dans l'affaire immobilière des Mutuelles de Bretagne. Son retour, un peu plus d'un an après, au poste de quatrième personnage de l'Etat, fait grincer des dents.
Quant à la nomination d'Agnès Saal à la fonction de haut fonctionnaire à l'égalité et la diversité au sein du ministère de la Culture, elle ne passe pas non plus pour Frédérique Dumas.
Cette dernière rappelle que l'ancienne directrice de l'INA a récemment été condamnée à trois mois de prison avec sursis et une double amende pour détournement de fonds publics utilisés pour régler plus de 50.000 euros de notes de taxi. L'élue des Hauts-de-Seine ajoute que le président de la République avait pourtant fait campagne sur le thème de "l'exemplarité", et lui demande de "se reprendre". Elle s'interroge enfin : "Pourquoi nomme-t-on consul Philippe Besson qui a fait un livre sur le président ?".
Les manquements du gouvernement sur le thème de la Culture
Sur son thème de prédilection, la politique culturelle, Frédérique Dumas parle de "vide abyssal". Elle rappelle à l'AFP que le groupe de travail parlementaire qu'elle a dirigé sur l'audiovisuel public a rendu un rapport "balayé du revers de la main par le Premier ministre (...) sans aucun débat, aucune discussion, aucun échange".
Elle déplore par ailleurs la décision du gouvernement, prise en Juin dernier, de supprimer la chaîne France 4 de la TNT.
Enfin, la députée critique le fonctionnement du groupe LREM au Palais-Bourbon : "Même donner un avis est vu comme une fronde s'il n'est pas conforme. (...) On nous explique (...) qu'il faut avaler toutes les couleuvres pour rester au gouvernement". Et d'ajouter que certaines décisions de l'Elysée ne se résument qu'à des "coupes budgétaires" sans réelle ambition.
Frédérique Dumas est la deuxième députée démissionnaire de la République en marche après le départ, en Avril dernier, de Jean-Michel Clément, député de la Vienne, qui avait décidé de voter contre la loi Asile et immigration.