Cette année, Netflix fête ses vingt ans d'existence. Car oui, voilà déjà deux décennies qu'en Californie Reed Hastings et Marc Randolph lançaient leur service de location de DVD (oui, "DVD", vous avez bien lu). Depuis, le géant américain a fait du chemin. Les nouvelles contraintes d'internet pour le secteur du film ont amené l'équipe de Netflix à repenser son modèle : un virage brillamment maîtrisé puisqu'à l'heure actuelle, aucune autre plate-forme ne semble pouvoir rivaliser avec le grand N. Fort de son hégémonie, le service s'est transformé dernièrement en une véritable machine de production audiovisuelle : côté films, la dernière sortie événement, Annihilation, met en scène Nathalie Portman ; côté séries, les franchises de marque continuent de créer l'engouement, mais ce n'est pas pour autant que la plate-forme renonce à diffuser des productions parfois inconnues, pouvant créer la surprise comme ce fut le cas avec le succès phénoménal de La Casa de Papel.

Netflix semble ainsi atteindre des sommets depuis quelques mois, et en profite pour développer son identité propre et conquérir toujours plus d'abonnés.

Aux origines d'un géant du Net

Il fut une époque où les films ne se téléchargeaient pas et se regardaient encore moins en streaming. Il fallait passer par un petit média de forme circulaire - le fameux DVD - qu'il suffisait d'insérer dans un lecteur prévu à cet effet, relié à un poste de télévision parfois encore doté de tubes cathodiques, sinon à écran plasma ou LCD pour les plus modernes.

À son lancement, Netflix se démarque déjà des vidéoclubs habituels puisqu'il repose sur abonnement par correspondance : l'abonné, contre une souscription mensuelle, a accès au catalogue du service, ce qui lui permet de commander un nombre défini de films qu'il reçoit plus tard dans sa boîte aux lettres.

L'enjeu principal pour Netflix fut de manœuvrer le passage de la vidéo au format dématérialisé. 2007 marque le début du service sur internet avec la possibilité d'y accéder depuis son ordinateur ou des appareils connectés du type consoles de jeux vidéo. Il faut cependant attendre sept années supplémentaires pour voir débarquer le N rouge dans l'hexagone, une attente toute pardonnée étant donné la croissance du nombre d'abonnés français encore à l'heure actuelle.

Netflix, ascension et dissensions

2,5 millions d'abonnés en France : un record. Et pourtant ce n'est qu'une miette sur les quelques 100 millions d'abonnés mondiaux, ce qui place Netflix loin devant ses concurrents. Dès lors, rien ne semble pouvoir arrêter sa progression. La plate-forme se dit même prête à investir près de 8 milliards de dollars dans l'achat de contenus ou la production originale cette année.

Toutefois, ce focus sur des produits estampillés Netflix pourrait traduire quelques incertitudes quant à la fin du contrat de son contrat avec Disney et Marvel. Cela signifie notamment la fin des séries Marvel produites par Netflix, comme The Punisher ou The Defenders, et donc le risque de perdre la fidélité d'une communauté de fans.

En parallèle, les nouvelles plate-formes fleurissent sans qu'on ne s'y attende. Devant déjà principalement faire face à CanalPlay et Hulu, Netflix devra aussi gérer la concurrence de son ancien partenaire Disney, mais aussi des services qui veulent innover, à l'instar de Studio+ et ses mini-séries. La guerre des droits s'annonce plus que féroce...

À voir désormais combien de temps Netflix règnera sur le monde de la vidéo à la demande, la question étant de savoir si les productions originales du service sauront séduire et fidéliser de nouveaux publics, ou si nous ne nous dirigeons pas simplement vers une overdose pure et simple...