Bientôt la fin d'une ère à la SNCF. Depuis maintenant plusieurs semaines, les cheminots sont engagés dans une lutte sociale visant à préserver leurs droits, face à la volonté réformatrice du gouvernement. Mais force est de constater que cette mobilisation n'empêche pas la fameuse réforme de faire son chemin. Mardi, l'Assemblée nationale a ainsi voté la réforme ferroviaire, en première lecture, avec 454 voix pour et 80 contre. Le parti Les Républicains a voté en majorité pour le texte, faisant de ce vote un véritable plébiscite. Une majorité écrasante pour un texte qui va désormais passer devant le Sénat le 29 mai, avant une possible adoption durant l'été.

Cette réforme doit ainsi permettre d'ouvrir le train à la concurrence à partir de 2019. Autrement dit, l'année prochaine, les différentes régions auront le choix : confier les TER à la SNCF ou lancer un appel d'offres. Un choix possible durant quatre ans, mais qui deviendra obligatoire dès 2023, avec un appel d'offres automatique. Et pour les TGV ? La concurrence entrera en vigueur un an plus tard par rapport aux TER, soit en 2020. Il est cependant intéressant de noter que ce calendrier ne s'applique pas à l’Île-de-France, où la concurrence dépendra de chaque ligne.

La SNCF va évoluer dès 2019

Et les cheminots dans tout ça ? Selon le texte, un cheminot qui effectuera un passage vers un opérateur privé pourra toujours bénéficier de son statut, qui comprend la sécurité de l'emploi, la rémunération et le régime spécial de retraite.

Un geste envers les cheminots employés à la SNCF, même si dans ce texte, le gouvernement a tenu à rester inflexible sur plusieurs sujets. Ainsi, les nouveaux embauchés ne pourront pas bénéficier du statut des anciens cheminots. L'ouverture à la concurrence figure aussi bien évidemment dans le texte, tout comme la transformation de la compagnie en société anonyme.

Le gouvernement est ainsi resté ferme sur les sujets et engagements majeurs, comme il l'avait promis et annoncé depuis plusieurs semaines. Plusieurs thèmes restent cependant en suspens concernant cette réforme du rail. Parmi eux, la dette de la SNCF, mais aussi la gestion des gares ou encore la filialisation du fret. Des négociations sur ces sujets devraient se poursuivre dans les mois à venir, la majorité en place espérant que cette réforme puisse entrer en vigueur au mois de juillet prochain.

Une réforme de la SNCF approuvée selon un sondage

Incontestablement, ce vote massif en faveur du texte à l'Assemblée nationale est une première victoire pour Emmanuel Macron dans ce dossier. Le président de la République est sur le point de faire passer une réforme majeure, sans que la pression de la mobilisation sociale l'ait poussé à reculer sur des points importants. Le vote massif des députés s'accorderait d'ailleurs avec la volonté des Français, puisque selon un récent sondage Ifop, 61% des personnes interrogées souhaiteraient que le gouvernement aille jusqu'au bout concernant cette réforme du rail. Syndicats et partis de gauche entendent également aller jusqu'au bout de la lutte, face à un texte et une réforme jugés comme une « agression de classe » par les députés de classe et comme une « présomption de privatisation » par le Parti socialiste.

La mobilisation sociale, annoncée jusqu'au mois de juin avec deux jours de grève par semaine, devrait donc se poursuivre comme prévu. Mais pourra-t-elle faire plier le gouvernement ? C'est désormais peu probable. Plus rien ne devrait arrêter la réforme du rail de poursuivre son chemin jusqu'à son adoption... et Emmanuel Macron d'obtenir du même coup l'une de ses premières grandes victoires de son quinquennat.