C'est donc mercredi matin que les autorités de la ville de Paris se sont mobilisées. En début de matinée, elle ont évacué un camp de fortune qui accueillait jusqu'à 1 500 personnes dans la capitale, devenu un point clé du débat sur l'immigration dans le pays. Les autorités ont commencé à défricher le camp de tentes appelé Millénaire sur le bord de la ville à côté d'un canal utilisé par les joggers et les cyclistes. Parmi les différents camps de migrants installés à Paris et ses alentours, il s'agissait là du plus important. Deux migrants se sont noyés ce mois-ci dans des canaux le long des campements, poussant sans doute les autorités à agir.Les autorités municipales ont déclaré que les migrants, principalement venus d'Afrique, seront emmenés dans différents gymnases de la région parisienne.

La police a évacué quelque 28 000 migrants des camps parisiens au cours des trois dernières années, mais les arrivées se poursuivent malgré tout. Les responsables parisiens affirment qu'il y aura prochainement une deuxième phase, visant à retirer environ 800 migrants le long du canal Saint-Martin et jusqu'à 400 à la porte de la Chapelle. Suffisant ? Pas sûr, puisque la Mairie de Paris et le Ministère de l'Intérieur débattent justement de cette gestion du cas des migrants.

Collomb et Hidalgo se renvoient la balle

Il y a quelques jours, le ministre de l'Intérieur, Collomb, a exhorté Paris à s'assurer que les camps ne reviennent pas. Mais la mairie de Paris a déclaré que l'Etat devrait mettre en place un plan d'intégration des migrants après l'évacuation.

Les camps sont ainsi au cœur d'un débat politique. Les blessés seront emmenés dans des abris de Paris et des environs, où ils resteront brièvement pour faire examiner leur situation administrative. Le ministère de l'Intérieur a souligné que cela signifierait que certains seraient expulsés de France. Cependant, le risque de les voir revenir rapidement sur le sol français est bien réel.

L'Europe est confrontée à une crise migratoire depuis 2015 à la suite de guerres en Libye et en Syrie, et plus d'un million de personnes originaires d'Afrique et du Moyen-Orient ont tenté d'atteindre le continent via la Turquie ou la mer. Le gouvernement a déclaré qu'il voulait être à la fois ferme et équitable en matière d'immigration, mais il a adopté une position plus ferme ces derniers temps, le Parlement approuvant un projet de loi qui durcit les règles d'asile.

L'extrême-droite dénonce

Du côté de l'opposition, évidemment, cette fermeté renforcé envers les migrants fait parler. Sur Twitter, Florian Philippot s'est exprimé peu de temps après cette évacuation du camp du Millénaire. « Un vrai tonneau des Danaïdes tant qu’aucune mesure structurelle ne sera prise : sortir de l’UE/CEDH pour pouvoir décider de notre immigration, nos frontières et des reconduites à la frontière. Sans angélisme », a souligné le président du mouvement Les Patriotes. « D'autres s'installeront bientôt au même emplacement. Contrôles aux frontières et expulsion immédiate dans leur pays d'origine ! », explique de son côté Nicolas Bay, du Front National. Le FN, justement, est le parti le plus présent depuis de nombreuses années sur la question migratoire.

Le 1er mai dernier, lors de son discours à Nice, Marine Le Pen n'avait pas hésité à saluer les différentes actions « anti-migrants » qui avaient eu lieu dans les Alpes. Pour le gouvernement, se montrer ferme et tenter d'empêcher les migrants de revenir sur le sol français est donc un enjeu majeur. Non seulement il permettrait à la France de compter moins de migrants, mais aussi de couper l'herbe sous le pied de l'extrême-droite sur ce sujet brûlant.