Ces derniers mois, Emmanuel Macron et le gouvernement d'Edouard Philippe semblent se saisir du thème de l'immigration. En Avril, la loi Asile et Immigration de Gérard Collomb avait déjà été à l'origine de vifs débats au sein de l'Assemblée nationale. Le ministre avait défendu un texte qualifié de juste et équitable, déclenchant la colère dans les rangs de la gauche. Ce lundi 04 Juin, ses services ont annoncé que les deux derniers grands campements parisiens de migrants seraient évacués dans la journée, notamment en raison de leur insalubrité. Déjà la semaine dernière, c'est le camp dit du "Millénaire" qui avait été vidé de ses occupants.
Pas moins de 1000 personnes avaient alors été hébergées dans des structures d'accueil, majoritairement des gymnases.
Ce matin, les autorités ont investi les campements du canal Saint-Martin, dans le 10ème arrondissement, et de la porte des Poissonniers, dans le 18ème, vers 6 heures 30. Au total, ces lieux abritaient respectivement 500 et 450 personnes en situation irrégulière, selon un communiqué de presse commun des Préfectures de la capitale et de la région Île-de-France, qui ont ajouté que ces migrants feraient ensuite l'objet "d'un examen complet et approfondi de leur situation administrative" afin d'être orientés, au cas par cas, "dans des structures d'hébergement [salubres] adaptées à leur situation".
Des bus mis à disposition après l'évacuation des camps
Les 950 personnes concernées par l'évacuation de leurs camps aujourd'hui sont, pour la majorité d'entre elles, originaires d'Afghanistan, en particulier au sein du campement du canal Saint-Martin. Elle dormaient jusqu'ici sous des tentes installées çà et là dans le quartier.
Yahye, en provenance du Soudan, vit ici depuis deux mois. Interrogé par Le Figaro, il explique que sa demande d'asile a été refusée par l'Administration.
Mais il est soulagé de savoir qu'il va quitter ce campement insalubre, même si il ignore encore quel sera son prochain lieu de vie : "un campement, une maison, un stade,...
mais ce sera mieux qu'ici", ajoute-t-il. Pour l'heure, la Préfecture a ouvert un gymnase pour héberger temporairement jusqu'à 1.200 personnes, qui y seront acheminées progressivement dans la journée par la quinzaine d'autobus mise en service par la Préfecture de région. Ce nouvel abri leur permettra de quitter l'insalubrité de leur campement dans l'attente de l'examen de leur situation.
Anne Hidalgo toujours aux prises avec le gouvernement
La politique d'évacuation des camps de migrants au sein de la capitale a véritablement commencé il y a trois ans, sous le quinquennat de François Hollande. Au total, ce sont aujourd'hui pas moins de 36 opérations qui ont été menées depuis 2015, dont trois en moins d'une semaine, portant à près de 30.000 le nombre d'individus évacués.
Selon le ministère de l'Intérieur, les récents événements inquiétants qui se sont produits dans les camps de migrants parisiens ont poussé l'exécutif actuel à accélérer son action. Le mois dernier, un individu avait perdu la vie par noyade après avoir chuté dans le canal Saint-Martin. Dans le camp du Millénaire, une rixe avait fait un blessé grave. Par ailleurs, le gouvernement reproche toujours à la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, de ne pas prendre le problème à bras-le-corps pour lutter contre l'insécurité au sein des camps et contre leur insalubrité, parlant de "responsabilité politique" manquée. De son côté, Anne Hidalgo répond en reprochant à l'exécutif de ne pas accueillir les réfugiés de façon digne, comme il en est normalement de sa responsabilité.