Jamais un tournoi des espoirs du Tennis mondial n'aura autant attiré la lumière. Regroupant les huit meilleurs jeunes de moins de 21 ans au ranking annuel , l'ATP NextGen a déjà beaucoup fait parler de lui. C'est d'abord une mauvaise presse que s'est attirée l'ATP en organisant à Milan un show redoutable de misogynie pour le tirage au sort des deux groupes de joueurs. Depuis, l'ATP s'est confondue en excuses et a tenté de remettre au centre du débat la nouvelle formule des matchs. Aujourd'hui avait lieu un premier duel, cent pour cent russe, entre Danil Medvedev et Karen Kachanov.

Et si c'est le premier des deux qui l'a emporté, les amateurs du tennis auront surtout retenu l'application inédite de règles qui pourraient bien donner un sérieux coup de fouet à un sport désireux de se réinventer.

L'ATP s'est trouvé des cobayes

Le tennis est un sport difficile à réformer. Ses règles étaient jusqu'ici immuables et la moindre initiative entraînait avec elle tout un lot de suspicions. Le premier pas, le plus délicat, a été franchi cet après-midi lors du match d'ouverture entre Medvedev et Kachanov. L'ATP a profité de ce tournoi original pour tenter des expériences afin de dynamiser un sport en pleine stagnation. Fini les traditionnels matchs en deux sets gagnants (exceptés les grands-chelem) puisqu'il faut désormais pour le vainqueur en remporter trois.

Cependant les sets en question sont raccourcis à quatre jeux et la règle de l'avantage disparaît (le premier à 40A l'emporte). Un timer limite également le temps à 25 secondes entre les échanges et il n'y a plus d'appartés physiques entre coachs et joueurs.

Autre élément de taille, le juge de ligne n'est plus et un système Hawk-eye généralisé le remplace.

Qu'est-ce que cela donne ?

Ce premier match a donc vu la victoire de Danil Medvedev sur son compatriote en quatre sets (2-4 / 4-3 / 4-3 / 4-2) et a estompé les craintes des observateurs qui s'attendaient à des matchs plus expéditifs que cela.

Plaisant à regarder de par son intensité, la match a semblé répondre aux attentes des curieux et offre une belle publicité à ces nouvelles règles puisqu'il a vu se succéder à peu près tous les nouveaux cas de figures. Cependant l'absence du juge de ligne donne une sensation d'automatisme et de répétition à la partie dès les premières balles. Là est le véritable hic : c'est un tennis rapide de type arcade qui s'offre à nous mais qui tend à se déshumaniser complètement. Un sentiment de virtualité naît chez le spectateur et déboussole parfois des joueurs qui ne peuvent contester l'incontestable et se trouvent petit à petit aliénés par le rythme effréné.

Si cette formule 2.0 n'est pas dépourvue d'intérêt, elle fait entrer le tennis dans une toute autre dimension au point de se demander si il ne faudrait pas mieux en faire une discipline à part à l'image de ce que le rugby à 13 et au rugby à 15.