La chaîne CNN a diffusé le 14 novembre des vidéos révélant des marchés d'esclaves en Libye, présentant des migrants noirs vendus comme du bétail. La communauté internationale s'est dès lors indignée unanimement, tout en feignant la surprise alors que des ONG avaient déjà fait part de ces atrocités sans obtenir le moindre retour de la part de nos chefs d'État.

Un renouveau de la traite négrière

Cette indignation de la communauté internationale ne semble être qu'un médiocre simulacre de la part de nos chefs d'État. Le secrétaire général de l'ONU, Antono Guterres, s'est dit "horrifié", l'Union européenne "scandalisée", tandis que le président Macron s'est découvert une âme chevaleresque en réclamant une réunion expresse du conseil de sécurité de l'ONU.

Sauf que toutes ces indignations, extrêmement théâtrales, ne sont que la manifestation d'une grande hypocrisie assez malsaine. Tout comme les alliés avaient feint de découvrir l'existence de camps de la mort durant la Seconde Guerre mondiale, alors que ces zones étaient survolées par l'aviation alliée, nos chefs d'État ont voulu nous faire croire qu'ils ignoraient totalement l'existence de ces marchés d'esclaves, alors qu'ils sont dotés de technologies modernes leur permettant de voir ce qu'il se passe à n'importe quel endroit du monde, et surtout que les ONG (Médecins sans Frontières, Amnesty, etc.) sur place n'ont pas cessé de tirer sur la sonnette d'alarme depuis plusieurs mois.

Hamidou Anne, analyste du think tank "L'Afrique des idées" dénonce cette "hypocrisie", affirmant "qu'à part le citoyen lambda, tout le monde savait, les gouvernants, les organisations internationales, les leaders politiques".

Alioune Tine, directeur Afrique de l'ouest et du centre d'Amnesty International basé à Dakar, a également pointé du doigt cet aveuglement volontaire : "Les prises d'otages, les violences, la torture, les viols, sont monnaie courante en Libye, et l'esclavage, on en parle depuis longtemps".

Responsables, mais pas coupables

Les autorités libyennes sont régulièrement pointées du doigt par les pays occidentaux, les accusant d'être trop laxistes envers ces atrocités, accusations faciles leur permettant de se donner l'image de protecteurs de la veuve et de l'orphelin, ayant pour but de dissimuler leur aveuglement volontaire depuis des mois ainsi que leur responsabilité dans ce chaos.

En effet, si la Libye connait une grave crise aujourd’hui, cela ne date pas d'hier, mais de 2011, année ou la communauté internationale était intervenue pour chasser Kadhafi du pouvoir, avec la France au premier plan, tant au niveau de la décision d’entrer en guerre qu'à celui de l'intervention militaire. Ce qui explique toutes ces sorties théâtrales du président français actuel. Cela fait donc 6 ans que ce pays est plongé dans le chaos, sans recevoir aucune aide des pays qui l’avaient déclenché.